Au Québec, juste après mai 68, l'écrivain français Dominique Noguez prend conscience que la langue dans laquelle il écrit est menacée, y compris en Europe.
L'expérience québécoise le persuade cependant qu'on peut résister aux pires menaces. Rentré à Paris, il sert la littérature par le roman (Amour noir, prix Femina 1997) ou l'essai (Lénine dada, 1989), avec gravité (Les Derniers Jours du monde, 1991) ou de façon ludique (Comment rater complètement sa vie en onze leçons, 2002), en célébrant les grands écrivains (Montaigne, Rimbaud, Gide ou Duras) ou les cinéastes d'avant-garde, mais sans cesser de se battre pour l'avenir de la langue française, sans laquelle rien de cela ne serait (La colonisation douce, 1991). Il n'exclut pour le faire ni l'humour ni l'optimisme des désespérés : ne jetons pas le manche avec la cognée, comme il l'explique devant le siège de l'Union européenne à Bruxelles — car rien n'est jamais joué.